Étiquetage du miel ... suite...

29/08/2016 22:45

Pour celles et ceux qui vendent le miel de leur production , il est intéressant de connaître les différentes mentions portées sur les étiquettes des pots de miel vendus dans les petits ou grands magasins. Ceci permet d’avoir quelques arguments pour valoriser son produit et le mettre « en concurrence » autrement que par le seul critère du prix porté sur l’étiquette.

En effet le consommateur, trop souvent formaté par les prix « les plus bas » se contente de regarder le prix au kilo sans porter son attention sur la qualité du produit.

J’utilise souvent la comparaison avec le vin. Il en est d’excellents, produits sur des terroirs très typés par des viticulteurs consciencieux et de la « piquette » vendue en conteneur à bas prix. Mon interlocuteur (trice) comprend alors très vite la différence entre un miel de terroir produit par un(e) apiculteur(trice) sérieux(se) et « la daube » vendue dans certaines grandes enseignes venue d’on ne sait où mais vendue avec une marge confortable dans un beau petit  flacon « nounours » ornée d’une étiquette qui fleure bon la tradition.

Je leur conseille de lire les mentions écrites en tout petit en bas de l’étiquette et  leur traduis en message clair et non codé ce que cela signifie.

Miel originaire et non originaire de la CE :

Ces miels sont des miels d’importation. Ils occupent une grande place dans les rayonnages puisque la majorité des miels vendus en France est issue de pays étrangers, principalement, Chine, Amérique latine, Espagne, Ukraine…(40 000 tonnes importées en 2015)

La production notamment en Chine, n’est pas soumise aux mêmes règles que celles édictées en France et les pratiques apicoles ne sont pas aussi surveillées. Il y a peu, le « miel » chinois était interdit d’importation en Europe car il contenait du Chloramphénicol, antibiotique interdit qui pouvait déclencher des aplasies médullaires. Actuellement, il est facile de faire du « miel de sucre » en nourrissant abondamment les colonies avec une mélasse. Le produit obtenu est mélangé ensuite à d’autres miels d’origines diverses et vendu à bas prix aux conditionneurs.

Même si le prix est attractif dans les rayons des magasins il reste très élevé pour du sucre….La marge des intermédiaires, elle,  est confortable … 

Comme disait mon grand-père « un mauvais outil bon marché est toujours trop cher »…

                                             

 

 

Miel originaire de la CE:

Ces miels sont soumis à la réglementation européenne. On « monte » donc en qualité. (On ne parlera pas de certains trafics visant à importer des miels de Chine dans des pays appartenant à la CEE et peu regardant au niveau douanier. Il suffit de maquiller quelques étiquettes et formulaires d’origine pour le transformer en miel européen).

Restons-en au vrai miel européen. Il vient essentiellement d’un pays grand producteur comme l’Espagne. Ce miel est souvent obtenu par le mélange d’origines diverses dont on ne sait rien, ni au niveau de la production, ni au niveau des origines florales. Certains sont issus de grandes cultures (tournesol, colza…) avec leurs lots d’OGM et de pesticides.

Le consommateur souhaitant un produit stable et standardisé en goût, les conditionneurs pratiquent des mélanges visant à obtenir cette stabilité d’année en année. 

Origine France :

Le « top » allez-vous penser ! Eh bien non, ces miels sont parfois mélangés à chaud afin d’obtenir là encore une saveur identique d’année en année. Ils proviennent de différents producteurs qui le vendent à travers la France à des conditionneurs qui se chargent de leur commercialisation.

Bel emballage, ruche en paille et expressions contenant « terroir », « nature », « fleurs » rassurent le consommateur. Malheureusement pour lui, le chauffage fait perdre une grande partie des qualités de ces miels. L’exposition dans des rayonnages en pleine lumière et surchauffés par les spots lumineux achève de dégrader le produit en sucre jaune et coulant.

A 7 €/kg c’est encore trop cher. Les vertus du miel sont absentes.

                                                      

Sous la  dénomination "Origine France" il faut discerner deux catégories de miels :

Les « Mis en pot par … » ce qui ne veut pas dire « Produit par … » Ces miels viennent des quatre coins de France et certains sont, là encore, issus de nectars récoltés sur des grandes cultures avec les mêmes risques que ceux cités auparavant.

Par exemple « le miel de printemps » peut être à base de miel de colza et le colza n’est pas une culture des plus biologiques qui soient. Certaines apiculteurs soucieux de maintenir la bonne santé de leur cheptel la fuient comme la peste…c’est dire…

Les « Mis en pot par l’apiculteur récoltant.. » ou « Récolté et mis en pot par l’apiculteur ». Là, c’est beaucoup mieux. On a un nom et bien souvent une origine. Cela n‘empêche pas le risque de chauffage et de mélanges possibles mais en règle générale l’apiculteur(trice) qui vend son produit fait tout pour le valoriser.  Reste le problème de stockage et d’exposition à la lumière.

Lorsque ce miel est vendu en vente directe ou dans les étals des commerçants du coin c’est encore mieux .

L’apiculteur(trice) met en valeur sa production en insistant sur son origine géographique (Miel de Haute-Savoie)ou ses origines florales (miel d'acacia,de châtaigner...). Il (Elle) se démarque ainsi de la grande distribution et peut appliquer un tarif plus « rémunérateur » (J’utilise sciemment les guillemets car vous qui connaissez le travail et l’investissement matériel liés à la production de miel on se rend vite compte que le miel de qualité n’est pas vendu au tarif auquel il devrait l’être).

Voilà quelques éléments de discours qui permettront, j’espère, aux apiculteurs (trices) que nous sommes de vendre ou d’offrir notre miel en le valorisant aux yeux du public. Cela l’éclairera dans ses choix et lui fera prendre conscience qu’au niveau du miel comme au niveau d’autres denrées alimentaires la qualité n’est pas la même selon l’origine et le mode de culture ou d’élevage.

Quel miel choisir ?

Le miel des adhérents du Rucher Ecole du Chablais bien sûr !!!

C’est un miel local, produit dans le respect des abeilles et des bonnes pratiques apicoles.

Les miels sont, certes coulants, mais pas chauffés. Certains durciront avec le temps.

C’est un miel de terroir dans le meilleur sens du terme mis en pot par des personnes  connaissant bien leur produit et le respectant, loin des rayonnages des grandes surfaces... Et si vous, consommateurs et amateurs de miel,. vous  ne connaissez pas d'adhérents(es) du Rucher Ecole du Chablais dirigez-vous, alors,  vers un(e) apiculteur(trice) local(e) et dialoguez avec lui  (elle). Vous découvrirez toutes les vertus et les qualités d'un vrai miel de pays et comprendrez toute la différence avec les miels venus de Chine ou d'ailleurs. 

                                                 

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