David T. Peck , Michael L. Smith et Thomas D. Seeley, chercheurs à la Cornell University (USA), ont publié le résultat de leurs recherches sur la propagation de Varroa destructor. Ayant constaté que des colonies d’abeilles mellifères vivant à l’état sauvage en milieu naturel (nids très espacés) étaient infestées par le parasite, ils ont approfondi l’hypothèse selon laquelle les varroas ne se transmettent pas seulement par la voie phorétique (interaction entre les individus de la colonie) mais aussi par l’activité de butinage. Les chercheurs ont étudié les endroits du corps de l’abeille où les parasites sont observés. On remarque que les sites d’attache ne sont pas les mêmes dans la ruche (principalement sur les nourrices) et sur les fleurs pour un premier contact (butineuses). Il est possible que les parasites trouvent les parties basses du corps des butineuses à la fois plus pratique pour changer d’hôte et davantage à l’abri des pratiques d’épouillage lorsque les abeilles rentrent à la ruche. Il semble que les varroas ne rejoignent de ce fait les zones de nourrissage qu’une fois la transmission faite vers une nourrice dans la ruche.
Les chercheurs ont également étudié le comportement de Varroa destructor sur les fleurs, très comparable à celui des tiques en attente d’un organisme hôte : attente et immobilité, extension des pattes avant. Sont-ils munis de soies chimio-sensorielles pour «renifler» les hôtes potentiels ou la posture est-elle une manière de saisir facilement une abeille qui passe ? La question reste ouverte. 53% des acariens réussissent à s’accrocher au premier contact. Les échecs sont dus au fait que les varroas atteignent une griffe tarsienne de l’abeille (impossibilité de s’y accrocher ou problème de détection ?).
Le mode de propagation floral des acariens est-il majeur, mineur ou négligeable ? Les chercheurs doivent encore approfondir la question des mécanismes de transfert dits « horizontaux » (dérive des abeilles infestées, transferts floraux) en opposition aux transferts « verticaux » (essaimage). Le transfert floral peut en tout cas représenter une voie importante pour la transmission horizontale des acariens entre les colonies sauvages largement espacées. La question de la virulence de ce mode de transmission doit aussi être étudiée. Recherche en perspective.
Références:
Peck DT, Smith ML, Seeley TD (2016) Varroa destructor Mites Can Nimbly Climb from Flowers onto Foraging Honey Bees. PLoS ONE 11(12): e0167798. doi:10.1371/journal.pone.0167798
Voici le lien vers un article de Sciences et Avenir sur la même étude mais qui ajoute au vecteur de transmission les bouquets de fleurs coupées qui transitent par camions, bateaux ou avions à travers le monde renforçant le risque d'un croisement génétique avec un autre haplotype de varroa créant ainsi une espèce plus virulente encore...
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Cela renforce la nécessité de traiter toutes les colonies d'un secteur car les populations de varroas se "redistribuent" dans les ruchers voisins et les virus aussi ...